Les boissons alcoolisées font trop souvent partie du quotidien. En France, on estime que la consommation moyenne est de 2,5 à 3 verres de vin (ou équivalent) par jour ! Nous sommes à la 8ème place mondiale derrière les pays d’Europe de l’Est, l’Irlande, l’Espagne et même le Luxembourg. Pas de quoi être fiers ! .
Les chiffres qui font peur …
En France, l’alcool tue près de 40.000 personnes par an (30.000 hommes et 10.000 femmes de plus de 15 ans). Après le tabagisme, c’est la 2ème cause de mortalité évitable. L’alcool tue par les accidents mortels qu’il provoque et par maladie dont essentiellement les cancers. L’alcool est en effet un grand pourvoyeur de cancer. La courbe est exponentielle, c’est-à-dire que dès la première consommation, il en augmente le risque. Un verre de vin par jour augmente de 10% le risque de cancer du sein chez la femme – et donc 2 verres, de 20% ! Sans parler du risque augmenté de cancer du colon, de l’œsophage, de l’estomac et du pancréas. L’alcool est donc très clairement un faux ami !
Le parcours de l’alcool dans votre corps
Quand vous avez bû de l’alcool, tout va très vite dans votre corps. Etant très soluble dans l’eau, l’alcool est rapidement absorbé par simple diffusion vers le sang au niveau de l’estomac (20%) puis de l’intestin grêle (80%). Ainsi, à jeun, 90% de l’alcool passe dans le sang en 30 à 60 mn et le taux d’alcool dans le sang (et donc aussi au niveau du cerveau) atteint son maximum en 45 à 60mn. Au niveau du foie, il est rapidement transformé par des enzymes et éliminé à raison de 0,15g d’alcool par litre de sang et par heure. Il faut donc une heure pour baisser son taux d’alcoolémie de 0,15g soit une heure pour éliminer l’alcool d’un verre de vin.
Bon à savoir
Un verre de vin ou un demi de bière augmente le taux d’alcoolémie de 0,15g/l. Il suffit donc d’en avoir bu 2 à 3 verres pour atteindre la limite légale de 0,5g/l. Il faudra donc attendre 3 à 4 heures après le dernier verre pour retrouver un taux d’alcoolémie nul ou disons correct, compatible avec la conduite au volant. Le mieux est encore de ne pas boire plus d’un verre de vin (ou analogue) quand on sait que l’on doit ensuite prendre la route.
Pas un sucre, mais des sucres …
Le goût sucré peut être provoqué par des sucres très différents dont les plus courants sont le glucose, le fructose, le saccharose. Il peut l’être aussi par des édulcorants intenses qui vont se fixer sur les mêmes récepteurs gustatifs que les sucres et donc déclencher la même sensation de goût sucré (ou presque). Les différents sucres ont des pouvoirs sucrants distincts (intensité du goût sucré en bouche) et des index glycémiques également propres à chaque sucre.
L’activité de ces enzymes varie selon les sexes, les ethnies et le degré d’accoutumance. Ainsi, cette activité est souvent moindre chez les femmes et les asiatiques. Dans ces cas, l’alcool est moins bien supporté car plus lentement éliminé.
Par ailleurs, l’alcool apporte 7 kcal par gramme (soit près de 150 kcal par verre de vin et 700 kcal par litre de vin). Les calories apportées par l’alcool favorisent le stockage des graisses tant au niveau du foie que du tissu adipeux. Autrement dit, boire trop et trop souvent fait grossir et conduit au foie gras (et donc à la cirrhose au bout de quelques années).
Autre inconvénient de l’alcool, le risque de cancer. En effet, lors de son processus de transformation au niveau du foie, il y a libération d’acétaldéhyde, molécule toxique et cancérigène. De ce fait, la consommation excessive et régulière d’alcool augmente considérablement le risque de cancer de l’estomac, du colon-rectum, du foie, du sein et du pancréas. Bref, un peu d’alcool oui et pas tous les jours, beaucoup non !
Les recommandations officielles
Les cancérologues vous diront qu’il est préférable de ne pas boire d’alcool du tout au motif que la relation alcool et cancer évolue selon une exponentielle ; en somme, il y a déjà un risque avec une petite dose. Les cardiologues ne vous empêcheront pas de boire de façon raisonnée, surtout s’il s’agit de vin rouge dont on sait qu’il contient des anti-oxydants issus du raisin, potentiellement utiles en prévention des maladies cardio-vasculaires (le fameux paradoxe français). Officiellement, il est recommandé de ne pas dépasser deux verres standard par jour pour un homme et un verre par jour pour une femme, et pas tous les jours (abstinence durant au moins 2 jours par semaine) – en sachant que le verre standard correspond à 10g d’alcool pur.
Les équivalences d’alcool
Une dose de 10g d’alcool pur correspond à un verre standard soit (au choix) un verre de 100ml de vin rouge ou blanc – une coupe de champagne – une bolée de cidre – un demi de bière (250ml) – 5cl de whisky. Ne pas dépasser 10g (femme) à 20g (homme) d’alcool pur par jour et pas tous les jours.
Les dérapages sont vite arrivés …
Un petit verre de vin le soir pour décompresser, c’est normal. Deux verres, c’est déjà beaucoup. En revanche, un apéritif puis 2 verres de vin à table c’est trop – surtout si celà devient une habitude. Par ailleurs, chaque boisson alcoolisée à ses particularités.
La bière titre à 4 ou 5° et parfois à 8 ou 10°.
Cela peut paraitre peu et pourtant non seulement un demi de bière (250ml) apporte 10g d’alcool pur mais, de plus, il apporte entre 100 et 150 kcal et donc le double si l’on boit une pinte ! Il ne faut donc pas considérer la bière comme une boisson rafraichissante peu alcoolisée.
Le vin rouge est plus riche en anti-oxydants que le vin blanc.
A ce titre, il est plus intéressant à consommer que le vin blanc – avec modération toutefois (1 à 2 verres par jour et pas tous les jours).
Le cidre est aussi riche en alcool qu’une bière à 4°.
Une bolée de cidre apporte donc autant d’alcool et de calories (quand il est brut) qu’un demi de bière. Attention aux cidres doux car, de plus, ils sont sucrés.
Le champagne est du vin
il contient donc autant d’alcool et de calories que le vin.
Le whisky est un distillat d’alcool
à ce titre, il contient 4 fois plus d’alcool que le vin et 10 fois plus que la bière. Une dose de 10g d’alcool correspond donc à 5cl de whisky. Il est à diluer et à consommer avec modération. Il en est de même des boissons alcoolisées qui titrent à 40-45% (rhum, vodka, saké …).
Attention aux mélanges sodas whisky et analogues
car s’ils contiennent 2 fois moins d’alcool que non mélangés (effet de dilution), en revanche ce sont des bombes caloriques. Il faut compter au moins 200 à 300 kcal par verre – surtout quand ces mélanges contiennent en plus du sirop de canne à sucre et des jus de fruits …
Petit jeu du Vrai-Faux …
Un verre de vodka (3cl) contient plus d’alcool qu’un demi de bière à 5°.
Faux. Il en contient autant car certes la vodka titre à 45° soit environ 10 fois plus que la bière titrant entre 4 et 5°, mais la dose standard de vodka (3cl) est près de 10 fois moindre que celle d’un demi de bière(25cl). Donc, au final, dans les deux cas, il y a un apport de 10g d’alcool pur.
On peut donner de l’alcool a un enfant. C’est drôle et cela ne peut pas lui faire de mal.
Faux. Il ne faut en aucun cas faire découvrir l’alcool à un enfant ou à un jeune de moins de 18 ans. En effet, plus on commence tôt, plus on risque de banaliser le fait de boire alcoolisé et d’augmenter le risque de tolérance et de dépendance. De plus, s’il y a un problème d’alcool dans la famille, cela ne fait qu’augmenter le risque que l’enfant en fasse par la suite une consommation excessive.
L’alcool augmente la libido.
Faux. L’alcool perturbe l’érection chez l’homme et diminue le plaisir chez la femme. Ce n’est donc pas une bonne idée.
L’alcool aide à dormir.
Faux. Si l’endormissement est rapide, en revanche on constate que le sommeil est fractionné et superficiel. Il y a donc de nombreux micro-réveils qui font que le sommeil n’est pas récupérateur. La fatigue sera donc au rendez-vous le lendemain.
L’alcool désaltère.
Faux. Au contraire l’alcool déshydrate car il augmente la diurèse. Cette déshydratation est d’ailleurs responsable de la « gueule de bois » des lendemains de soirées trop arrosées. Petit conseil avant d’aborder la soirée : boire 2 ou 3 verres d’eau pour se sentir bien désaltéré(e) et avoir moins envie de boire du champagne, du vin ou de la bière pour étancher sa soif.
L’alcool réchauffe.
Faux. Si, certes dans l’immédiat, il provoque une dilatation des artères y compris au niveau des vaisseaux de la peau provoquant une brève sensation de chaleur, celle-ci est néanmoins éphémère et augmente les déperditions de chaleur. D’où la sensation de froid qui suit !
L’alcool fait grossir.
Vrai. En buvant un apéritif et deux verres de vin à table, vous ingurgitez pas moins de 400 à 450 kcal soit 70% des calories du soir, avant même d’avoir mangé. C’est dire qu’en buvant le soir vous êtes sûr(e) de dépasser allègrement le compteur calorique (estimé à environ 600 à 700 kcal le soir au dîner) et de stocker la différence en graisse abdominale. Essayez de ne pas boire une goutte d’alcool pendant un mois (le fameux Dry january .. ou un autre mois) et vous perdrez sûrement du poids !
L’alcoolisme, c’est pour les autres …
Faux. Personne n’est à l’abri de l’alcoolisme. Il suffit de dépasser quotidiennement les recommandations officielles pour devenir un alcoolique. La dérive est insidieuse et la personne est encouragée à boire régulièrement car elle pense bien « tenir » l’alcool. Elle croit sans doute vite l’éliminer et donc sans danger pour sa santé. Rien de plus faux car l’effet nocif de l’alcool est sournois. L’installation d’un foie gras malade ne se sent pas ; les mutations cellulaires aboutissant à la génèse d’un cancer sont longtemps asymptomatiques. Bref, l’alcool est un tueur silencieux. Il faut donc en être toujours conscient et le consommer de façon très épisodique !
Comment être dans la convivialité sans alcool ?
L’alcool n’est pas nécessaire pour passer un bon moment entre amis. Certes, la coupe de champagne est souvent la bienvenue, ou le petit verre de vin, mais attention à la surenchère. Il est temps aussi de découvrir les alternatives : des cocktails de jus de fruits, du jus de tomate (et sa rondelle de citron, sel de céleri), de la bière sans alcool. Au demeurant, il faut aussi savoir s’arrêter et dire non. Trop boire, c’est aussi perdre la maitrise de ses comportements … ce qui peut compromettre la réussite d’une soirée sans compter les lendemains difficiles.
Les bières sans alcool : en plein développement.
Les industriels s’y mettent enfin. Non pas parce qu’ils se soucient de la santé de leurs consommateurs mais parce qu’ils sentent qu’il y a un marché à développer. Attention aux différents types de bières sans alcool : la bière nature et la bière aromatisée.
La première est moins calorique et a souvent le goût de la bière authentique (belle réussite technologique). La seconde peut se révéler aussi sucrée qu’un soda. C’est donc un piège à sucre à bannir !
Enfin rappelons que les femmes enceintes ne doivent pas boire d’alcool durant leur grossesse. Même pas un petit verre de vin de temps à autre car l’alcool est tératogène pour le bébé et source de malformations. Donc, abstinence totale.
Que ceci ne vous empêche pas de profiter de temps en temps d’un bon petit verre de vin ou d’un demi de bière bien rafraichissant. Cela fait aussi partie des petits plaisirs de la vie.